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La recherche en bref: Une plante qui surpasse la luzerne, vraiment!?

Par Mireille Thériault, M. Sc., professionnelle de recherche, et Marie-Noëlle Thivierge, agr., Ph. D., chercheuse scientifique, Agriculture et Agroalimentaire Canada

Les scientifiques et les producteurs sont constamment à la recherche de LA plante fourragère parfaite. Une plante qui pousse à plus d’un mètre de haut, qui peut persister plus de 25 ans, tolérante à l’hiver, et de la famille des légumineuse de surcroît … que demander de plus? Le galéga oriental1 répondrait à tous ces critères. Des chercheurs de l’Ouest canadien ont récemment voulu valider les résultats prometteurs rapportés en Europe et dans l’Est du Canada (en Ontario et même au Québec!) avec cette plante. Pour ce faire, ils l’ont testée à quatre sites, dont un site en Alberta et trois en Saskatchewan, pendant 3 ans. Ils ont comparé le galéga à la luzerne (cv. Beaver) bien sûr, mais aussi à d’autres légumineuses peu utilisées ici comme l’astragale et le sainfoin, soit en culture pure soit en mélanges binaires avec une graminée comme le brome inerme, le brome des prés ou l’agropyre à crête. 


Image: Repousse de galéga et luzerne au site de Beaverlodge en Alberta en 2020.
Crédit photo: N. Khanal AAFC-AAC 2020

Leur étude a permis de démontrer que le galéga s’établit aussi bien et offre des rendements comparables à la luzerne en culture pure, MAIS seulement dans des conditions d’humidité favorables, soit à Beaverlodge en Alberta. En effet, le taux d’établissement et la production de biomasse ont été nettement inférieurs à la luzerne en conditions sèches telles qu’observées aux trois sites en Saskatchewan. Il en a été de même en mélange, où la proportion de galéga a fortement diminué en Saskatchewan au cours de l’expérience, jusqu’à être presque nulle la 2e année de production. À titre de comparaison, la proportion de galéga était autour de 50% à Beaverlodge et a même augmenté d’environ 10 % entre la 1re et la 2e année de production. Pour ce qui est de la valeur nutritive, le galéga a eu un meilleur taux de protéine que la luzerne seulement au site en Alberta. Toutefois, la concentration en ADF du galéga a été inférieure à celle de la luzerne, offrant donc potentiellement une meilleure digestibilité.

Cette étude permet de conclure que la luzerne demeure la meilleure option lorsque les risques de sécheresse prolongée sont élevés, comme c’est souvent le cas en Saskatchewan. Le galéga pourrait toutefois être une option intéressante dans les régions où les températures sont modérées et l’humidité du sol élevée, telle que l’Est du Canada qui reçoit annuellement quatre fois plus de précipitations que la Saskatchewan. C’est d’ailleurs ce que concluait l’étude de Fairey et coll. (2000) menée à travers le Canada et dans laquelle le galéga avait surpassé la luzerne au site de Québec. Il est à noter que, comme seuls l’inoculant de luzerne était disponible, aucune inoculation n’a été effectuée pour les légumineuses dans la présente étude, ce qui peut avoir affecté leurs performances. L’absence sur le marché de rhizobiums compatibles demeure, encore aujourd’hui, un frein majeur à l’adoption de nouvelles espèces de légumineuses.

Sources : Biligetu et coll. 2024. Canadian Journal of plant science, http://dx.doi.org/10.1139/CJPS-2023-0089

Fairey et coll. 2000. Canadian Journal of plant science, http://dx.doi.org/10.4141/P99-162 

1 À ne pas confondre avec le galéga officinal, une plante ornementale toxique pour les ruminants.

 

 

 

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